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Guillaume de Nogaret un juriste ambitieux et sans scrupules

La famille Nogaret possédait une propriété à Nogaret, près de Saint-Félix-de-Caraman ( aujourd'hui Saint-Félix-Lauragais ). Le grand-père de Guillaume de Nogaret, Raymond de Nogaret, était un cathare notoire qui fut condamné pour hérésie. En 1293, Nogaret entre au service de Philippe le Bel en devenant juge-mage de la sénéchaussée de Beaucaire-Nîmes ( l'une des sénéchaussées les plus importantes du royaume ) , il assumera cette charge à responsabilité ( plus importante que celle de juge ) pendant deux ans.


Nogaret devient un des « conseillers du roi » : l'ascension vers le pouvoir (1295-1303)
Engagé au service du roi à Paris à la fin de 1295, Nogaret est jusqu'en 1302 enquêteur en Champagne. Il siège au parlement dès 1298, en y effectuant principalement des tâches administratives et ses responsabilités s'accroissent en 1300 chargé de la conduite d'affaires importantes ( projet de paréage avec le roi de Majorque sur la ville de Montpellier, négociations relatives à l'acquisition par le roi de la justice de Figeac, rédaction d'une charte de franchises pour cette ville.. ). C'est à cette époque qu'il participe aux affaires religieuses, d'abord discrétement, lors des troubles religieux du Languedoc puis du procès de l'évêque de Pamiers, Bernard Saisset, accusé d'hérésie pour contrer la décision du pape Boniface VIII qui désire créer un nouveau diocèse. Il se fait connaitre de tous en mars 1303, par un célèbre discours les "crimes de Boniface VIII". Dès lors le nom de Nogaret sera étroitement lié à celui du roi dans le conflit avec le pape. En 1300, il sera ambassadeur auprès du pape, et, de cette réunion il établira un compte-rendu peu commun qui a traversé les âges et marqué les esprits.

L'attentat d'Anagni (1303) : du jamais vu, la séquestration du Pape

Le 12 mars 1303, lors d'une assemblée au Louvre en présence de Philippe le Bel, Guillaume de Nogaret prononça un discours au cours duquel il lança des accusations d'hérésie contre Boniface VIII qui menaçait le roi d'excommunication, à cette occasion il réclama la convocation d'un concile général pour régler ce litige. Informé de toutes ces turpitudes, Boniface VIII s'apprêtait, à promulguer une sentence d'excommunication contre le roi lorsque Nogaret et Sciarra Colonna, arrivèrent à Anagni le 7 septembre. Avec une armée de 600 hommes, Nogaret et Colonna entrèrent par surprise dans la ville. Le palais pontifical fut pris d'assaut et le pape fait prisonnier et malmené durant plusieurs jours. L'objectif ambitieux de Nogaret était de le ramener en France pour le faire comparaître devant un concile général, convoqué à l'initiative du roi Franc, pour le déposer.
L'entreprise de Nogaret échoua lamentablement car les paysans se rebellèrent, et les Français durent s'enfuir pour ne pas être lynchés !
Boniface VIII excommunia le roi et Nogaret, mais il mourrut un mois plus tard ! Il fut remplacé par Benoît XI, mais ce dernier décéda à son tour un an plus tard !
C'est ainsi qu'après de longues tractations et fourberies de Philippe le Bel, que Clément V ( sujet du royaume Franc ) fut élu. Ce pape serait la marionnette de Philippe le Bel à qui il devait tout.

Nogaret maître d'œuvre du projet d'extermination de l'Ordre du Temple

De l'an 1302 à l'an 1307 il instruira un dossier à charge contre les Templiers. Il sera l'infatigable organisateur d'une campagne calomnieuse de dénigrement du Temple, en ce sens il fut un précurseur de la 'Com' utilisée de nos jours ( souvent de manière abusive ) ! Avant d'attaquer de front l'Ordre du Temple, avec son roi ils se feront la main sur les Juifs : le 21 juillet 1306, par ordonnance tenue secrète, tous les Juifs seront arrétés et incarcérés, puis ils seront expulsés du royaume. Il veillera personnellement à la confiscation de tous les biens juifs et veillera au recouvrement à leur place des créances qu'ils détenaient sur des tiers. Fort de cette réussite ignominieuse il passera ensuite à un autre dossier : l'Ordre du Temple. En septembre 1307, quelques jours après l'émission par la chancellerie royale de l'ordre d'arrestation des Templiers ( qu'il a probablement rédigé en personne en Aout 1307 ). Il dirige l'annexion de Lyon en assiégeant le chateau de l'archevêque Pierre de Savoie, qui détient alors la juridiction temporelle de la ville. Le coup de force de 1310 est légalisé par le traité de Vienne signé deux ans plus tard.
Il décède en Avril 1313.