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Le 11 mars 1314, Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay emprisonnés depuis octobre 1307 furent brulés vifs sur l'ile aux Juifs à Paris, mais avant de périr Jacques de Molay lança sa malédiction contre le Roi Philippe le Bel et le Pape Clément V.


Quelle est la véritable date du supplice des derniers templiers, et ou le bûcher fut-il dressé ?

Pour l'emplacement du bûcher, voici la description d’Alain Demurger dans son livre sur Jacques de Molay - Le crépuscule des templiers - Le bûcher fut dressé sur un îlot au bout de l'île de la Cité, au-dessous des Jardins du Roi. Ce jardin s'arrêtait au Pont-Neuf actuel et la pointe formant l'actuel square du Vert-Galant n'existait pas encore. L'îlot n'appartenait pas au Roi mais à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Cet îlot était situé sur le côté des jardins du roi, à la place du quai des Orfèvres et de la place Dauphine actuelle et non à la pointe de la cité. Il sera appelé au XIV ème siècle « Île aux Juifs ».
Pour la date du supplice, Jean de Saint-Victor, Bernard Gui, les Grandes Chroniques de France, ne donnent qu'un récit très court de cette journée datée par certains du lundi après la Saint-Grégoire (soit le 18 mars). Le chroniqueur Bernard Gui, plus fiable selon Alain Demurger, date cet événement, au lundi avant la Saint-Grégoire (soit le 11 mars). En 1314, la Saint-Grégoire tombait le mardi 12 mars. Toujours selon Alain Demurger, la précision chronologique habituelle de Bernard Gui et les habitudes de datation de l'époque pourraient donner raison à ceux qui affirme que les templiers furent brûlés vifs le 11 mars.

Les derniers dignitaires de l'ordre furent brulés vifs le 11 Mars 1314

Le 11 mars 1314, Jacques de Molay, emprisonné depuis octobre 1307 dans la prison du Temple, fut conduit devant la cathédrale de Notre-Dame pour entendre le verdict du procès, en compagnie de Geoffroy de Charnay, précepteur de Normandie, de Hugues de Payraud, visiteur général de l'Ordre, et de Geoffroy de Gonneville, Commandeur d'Aquitaine. La sentence des trois cardinaux entourés du légat du pape le cardinal d'Albano, serait publiquement annoncée. Les templiers furent installés sur une estrade et dans un silence impressionnant, la décision tomba : ils étaient condamnés « à la prison perpétuelle et sévère » !

Les Rois Maudits

Comprenant qu'ils avaient été trahis par le Pape et voulant rétablir la vérité sur ce procès inique, Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay haranguèrent la foule en disant que leurs aveux avaient été volés, que les Templiers n'avaient commis aucun crime et qu'ils étaient victimes d'une machination.
Devant cette situation inattendue, les cardinaux ne surent comment réagir et décidèrent de renvoyer l'affaire au lendemain. Averti immédiatement de la situation Philippe IV le Bel, une fois de plus outrepasse ses droits et décide de se substituer à l'autorité pontificale. Il condamne à mort Jacques de Molay et Charnay et ordonne sur-le-champ leur exécution. Les deux hommes furent installés sur le bûcher le soir même, et sur ce bûcher dressé sur l'île aux Juifs en face du Palais de la Cité, Jacques de Molay s'écria : "Pape Clément ! Roi Philippe ! Chevalier Guillaume ! Juges iniques et cruels !, avant un an, je vous cite à comparaître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment ! Maudits ! Maudits ! soyez tous maudits jusqu'à la treizième génération de vos races !".
La malédiction du grand-maître allait s'avérer :

Clément V meurt le 20 avril 1314 d'étouffement.
Philippe le Bel décède dans la nuit du 26 au 27 novembre 1314 d'un ictus cérébral et ses trois fils mourront dans les 12 années suivantes sans laisser de descendance mâle, mettant ainsi fin à la lignée directe des Capétiens.
Guillaume de Nogaret en 1314 avait déjà été victime de la justice Divine un an auparavant.
Quant aux Juges iniques et cruels ( nous n'avons aucun moyen de savoir s'il s'agissait du singulier ou du pluriel ), néanmoins, le principal était Guillaume de Nogaret, décédé en Avril 1313. Jacques de Molay en 1314 ne pouvait pas savoir que ce dernier était décédé, car il était détenu dans le plus grand secret et ses gardiens avaient ordre de ne pas lui adresser la parole, il était donc coupé du monde depuis l'année 1307.
Donc, en cette nuit de supplice du 11 Mars 1314, Jacques de Molay croyait que tous ses tourmenteurs étaient encore en vie, coupé du monde depuis 7 ans il ne savait pas que Nogaret était déjà mort un an auparavant. En ce qui concerne Nogaret la malédiction était plus que jamais d'actualité puisque la justice divine était déjà passée.

Malédiction reprise par les historiens et les écrivains sous le titre de "Rois Maudits"


Les Rois Maudits

L'historien et Humaniste Italien 'Paolo Emilio' arrivé en France en 1483 écrivit à partir de 1516 ( et sur commande de François 1er ) plusieurs ouvrages sur les rois de France. Dans l'un de ces ouvrages 'De rebus gestis Francorum libri VII' paru en 1520 et comportant 430 pages il relate entre autres la fin du procès de Jacques de Molay y compris son exécution le 11 Mars 1314 sur l'ile aux Juifs à Paris. Il s'inspira pour écrire ce récit des propos d'un templier napolitain présent sur les lieux du suplice en début de nuit du 11 mars 1314, et qui les avait consigné par écrit en 1330. Cet historien n'avait aucun intérêt à travestir la réalité concernant la malédiction lancée par Jacques de Molay à l'encontre du Roi et du Pape, car son ouvrage avait été commandé par François 1er, et ce dernier ne dut d'ailleurs apprécier que modérément ce passage du livre. Lors de cette nuit mémorable du supplice des deux derniers dignitaires de l'Ordre, la malédiction lancée par Jacques de Molay est possiblement vraie car elle ne serait que le prolongement logique de la déclaration faite en public à l'issue du procès par Jacques de Molay quelques heures plus tôt. Le fait que les témoins n'aient à l'époque parlé de rien est à notre avis lié à la personalité très autoritaire du Roi Philippe le Bel, qui n'aurait pas hésité à infliger la peine de mort à toute personne relatant cette malédiction !
C'est à partir du XVII ème siècle que les historiens Français exhument le récit de Paolo Emilio concernant les propos tenus par Jacques de Molay sur le bucher. L'historien François de Mézeray ( Secrétaire perpétuel de l'Académie française ) et quelques autres affirment après un long travail de vérification des sources que les dernières paroles de Jacques de Molay, qui, presque étouffé de fumée furent : "Pape Clément, Roi Philippe, Chevalier Guillaume, juges iniques et cruels bourreaux, je vous ajourne à comparaître, avant un an, devant le tribunal du Souverain Juge".

Ce sujet des rois maudits fut traité plusieurs fois par la télévision Française

L'écrivain Maurice Druon ( de l'Académie française ) après avoir étudié l'oeuvre de François de Mézeray concernant Jacques de Molay, en fait la trame de son célèbre roman - Les Rois maudits - paru en 1957, qui fut adapté deux fois pour la télévision. Sous sa plume, la malédiction devient : "Pape Clément ! Chevalier Guillaume ! Roi Philippe ! Avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment ! Maudits ! Maudits ! Maudits ! soyez tous maudits jusqu'à la treizième générations de vos races !".
Dès la parution du roman les historiens se précipitèrent sur ce qu'ils pensaient-être une grossière erreur au sujet de la malédiction, en effet, le prénom de Guillaume cité dans la phrase ne pouvait-être que celui de Guillaume de Nogaret. Mais ce dernier décédé un an auparavant ne pouvait pas être cité par Jacques de Molay, la malédiction fut donc classée dans le domaine des lègendes !
Maurice Druon n'était pas idiot, il savait que Nogaret était décédé en 1313, pour avoir étudié le procès du Temple pendant de nombreuses années. Maurice Druon étudia également durant quatre années le travail de François de Mézeray. Connaissant le sérieux de Maurice Druon, d'autres historiens se penchèrent à leur tour sur cette pseudo 'malédiction', et firent le constat suivant : si Druon avait voulu une critique apaisée de son roman de la part des historiens, il n'aurait pas ajouté ce prénom de 'Guillaume' associé aux prénoms du Pape et du Roi, pourquoi diable l'à t-il laissé dans la malédiction ?
La réponse est à vrai dire fort simple, car les dignitaires du temple furent emprisonnés de 1307 à 1314, mais ce que l'on sait moins c'est qu'ils étaient astreints au secret total et personne n'avait le droit de leur parler. Dans ces conditions le 11 Mars 1314 les dignitaires de l'Ordre pensaient que leurs tourmenteurs étaient toujours en vie, et le fait que de Molay lance sa malédiction à l'encontre des trois principaux responsables de la chute du Temple devient très plausible !