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La féodalité est un système d'exploitation des peuples, reposant sur un fief concédé par un suzerain à son vassal, lequel est tenu en échange à la loyauté. Plus qu’une délégation de pouvoir, la féodalité est un système de partage des pouvoirs et des revenus. C'est un équilibre entre les droits et les devoirs.


Une invention Carolingienne

Le système féodal qui s'est installé en Europe depuis l'empire carolingien de Charlemagne, a entraîné une décentralisation du royaume en plusieurs territoires autonomes. Ce modèle a installé durablement une hiérarchisation de la société occidentale : rois, ducs, seigneurs, chevaliers, serfs.
Après le démembrement de l'Empire romain d'Occident (476), s'est dessinée en Europe médiévale, entre le V ème siècle et le VIII ème siècle, une nouvelle organisation de la société.
Mais cette époque Mérovingienne puis Carolingienne, voit persister un certain nombre de principes de hiérarchie et de propriété hérités du droit romain. Les titres de haute noblesse en sont un, comme ceux des comtes (comes, le compagnon de l’Empereur), des ducs (dux, les conducteurs des armées), ou de marquis (marchensis, celui qui défend les marches, les frontières du royaume). Le haut moyen Âge a repris ces titres, calculés et adaptés aux besoins de défense d’un souverain. les terres sont en quelque sorte le « salaire » donné par le roi à celui qui défend cette partie de son royaume. la puissance publique (royaume ou empire) est ainsi en dilution entre des acteurs aux horizons restreints, ce qui facilite une forme de « clientélisme » : les terres conquises sont divisées en possessions, concédées par un chef à ses compagnons d'armes, en récompense des services qu'ils lui ont rendus à la guerre.
À partir du IX ème siècle, lorsque l’empire de Charlemagne peine à faire face aux invasions normandes, lorsque règnent les discordes internes à la famille carolingienne, ce clientélisme se renforce, de petits seigneurs cherchant, face aux ennemis, à se mettre sous la protection d’un seigneur plus puissant. Tendance qui se noue au fur et à mesure que s’affaiblit l’empire carolingien, dont l’émiettement est consacré en 843, au traité de Verdun : les petits-fils de Charlemagne se partagent ses territoires, divisant l’empire en trois royaumes, faisant disparaître, avec l’émergence de la « Germanie », l'identité entre Empire et État Franc. On assiste à la montée d’un « système féodal », c’est-à-dire à une gestion du territoire mettant en avant l'ensemble des institutions et usages contractuels entre seigneurs de différentes puissances… La désagrégation commence au sommet, parmi les auxiliaires du pouvoir, ces ducs et marquis chargés de coordonner les activités militaires sur un vaste territoire. Leurs devoirs perdent de leur assiduité à mesure que s’émousse la puissance royale.
Défendant leurs territoires de plus en plus localement, ils rassemblent en « clientèle » de protégés l’aristocratie des seigneurs de leur région, créant comme des principautés quasi autonomes. Les comtes et les ducs se détachent les uns des autres, les comtés se fractionnent. Ainsi s’affermissent les pouvoirs locaux des seigneurs des forteresses sur les populations des villages environnants, et le pouvoir se trouve-t-il distribué en un grand nombre de petites seigneuries, soudées par des rapports hiérarchiques entre seigneurs et seigneurs vassaux, à travers l’esprit des fiefs. C’est le système des rapports féodo-vassaliques qui est en train de s’établir.
rapports féodo-vassaliques

Le Roi et le système féodal

Dans le principe, de vassal en suzerain, si l'on remonte la pyramide, le roi est au sommet, suzerain des suzerains, il est le « seigneur suprême ».
Au-dessus des seigneurs dans la hiérarchie de la société, il incarne une fonction ultime d’intérêt général regroupé, nouée par une fonction symbolique : le roi est sacré, il n’existe que par un rite religieux, qui prend forme dans le sacre et le serment qu’il prête devant Dieu de défendre son « peuple chrétien ».
Cependant, avec l’effondrement de la dynastie carolingienne en 987 et la consolidation du système féodal, la période qui suit voit se renforcer la « société seigneuriale » et son réseau de « principautés », au détriment de la notion « d’état » et de royauté. Dès le début du X ème siècle, le paysage politique du domaine français est dominé par des princes qui, partout où c’est possible, relaient à leur profit les prérogatives royales, trament un maillage local où ils se placent en interlocuteurs premiers. Autour de l’an mil, la hiérarchisation des pouvoirs fonctionne mal et l’autorité royale n’est plus en état de défendre localement les sujets.
Ces derniers se tournent, pour une protection rapprochée, vers les comtes et vicomtes, les ducs et les marquis, et la magistrature du roi devient essentiellement morale, insuffisante à empêcher le système des clientèles locales en train de se consolider.

Le XI ème siècle sera celui des seigneurs, les rois s’efforçant de contenir les excès du système, au milieu de l'éclatement de la souveraineté en une multitude de principautés indépendantes.

Au XII ème siècle, Louis VI, dès le début de son règne, portera les premiers coups au système féodal en encourageant les pouvoirs communaux, s’en servant comme levier royal contre la puissance des vassaux.

Les Croisades, de même, forceront les seigneurs à engager leurs pouvoirs et leurs forces à la couronne.

Puis au XIII ème siècle, de Philippe Auguste à Philippe le Bel, les progrès du pouvoir royal arriveront à réimposer un gouvernement central. Le roi exige l’hommage de ses vassaux, intervient dans les fiefs, taxe de félonie ses vassaux indisciplinés, joue pour lui-même des sentiments de fidélité qui doivent s’attacher à la personne du seigneur. Se met alors en place une monarchie féodale, usant des obligations vassaliques pour faire plier principautés et seigneurs territoriaux.

Rappel important concernant le Fief

La structure féodale était complexe, et, un fief n’était pas obligatoirement une terre, cela pouvait être par exemple une rente sur une terre ou une part de dîme. Et, dans une paroisse il pouvait y avoir ,un ou plusieurs fiefs d’une seigneurie enclavés dans les terres d’une autre seigneurie. rapports féodo-vassaliques A ce sujet vous trouverez un document très instructif "Fiefs et arrières-fiefs du bailliage de Saint-Omer" ICI , c'est une étude basée sur des documents officiels de 1473.
Par la force des armes, par des jugements, des achats, des jeux de succession, les souverains réuniront au domaine royal le plus grand nombre possible de fiefs, démembreront les privilèges des feudataires. Au-delà des Croisades, la guerre de Cent Ans posera la même contradiction entre la « mobilisation générale » d’un royaume et l’atomisation féodale.
La question militaire se résoudra alors en arrachant la guerre aux seigneurs de la guerre et à leurs chevaliers, pour constituer une armée de métier payée avec les impôts centralisés.

C'est le début d'une période nouvelle de transition qui est celle du passage de la féodalité à un état royal souverain. De plus la légitimité du roi ne relève plus du Divin mais seulement de l'héritage dynastique, le roi s'étant libéré de la caution de l'église.