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Les Templaristes au XIX ème siècle inventeront la légende selon laquelle les templiers adoraient le Baphomet, Fabré-Palaprat inventeur de la charte de Larménius et créateur du Lévitikon créera une nouvelle religion 'Johannite' censée être la véritable religion des templiers. De nos jours les affabulations de ces illuminés du XIX ème siècle concernant les templiers font partie du folklore templariste.


La religion revue et corrigée après la période révolutionnaire

De la période révolutionnaire jusqu'au second consulat la religion Catholique fut méthodiquement combattue par les représentants du peuple. Il ne faisait plus bon être Catholique, et ceux qui continuaient à vivre leur foi même dans le secret le faisaient au péril de leur vie. Puis avec l'avénement de Napoléon Bonaparte en 1804, le chaos révolutionnaire prit fin, et, en matière de religion la liberté de culte fut rétablie. Contrairement à la période précédente ou la religion était combattue vigoureusement, la religion redevenait à la mode, mais au sein de la bourgeoisie les adaptations étaient multiples et variées. C'est ainsi que naquit le Templarisme puis plus tard l'Occultisme, et si le peuple était resté fidèle à la religion de l'ancien régime, les bourgeois se créaient de multiples variantes religieuses ou l'imagination débridée de certains énergumènes produisait de véritables dérives ésotériques délirantes. Les années terribles de la révolution laissaient place aux excés les plus douteux, en matière de mode vestimentaire, d'alimentation, d'amusements, et aussi en matière de croyances.

Le Baphomet, une image apparue en 1854 dans les cercles occultistes

Avant la première croisade de 1096 il y eut une multitude de pélerinages encadrés par des hommes armés entre l'an 650 et l'an 1073, il y eut donc des échanges entre Chrétiens Européens, Juifs et Musulmans. Durant cette période tous les pélerins connaissaient donc l'existence de Mahomet. Baphomet c'est la déformation du nom de Mahomet par les habitants du Sud de la France, il désignait donc au Moyen âge un faux dieu, un démon, une idole monstrueuse qu'on accusa plus tard les Templiers d'avoir adorée.

Il convient enfin de savoir que l'Islam interdit toute représentation de Dieu et de son prophéte Mahomet ! et ce hier comme aujourd'hui !

Dans l'enquête ordonnée contre l'ordre du Temple, deux des six témoins entendus à Carcassonne, Gaucerand de Montpezat et Raymond Rubei, parlent d'une idole en bois, ubi erat depicta figura Baphometi. Un autre témoin interrogé à Florence déclare qu'on lui a montré l'idole ecce deus vester et vester Mahumet ....
Lors du procès des Templiers personne ne put produire de preuve concernant ce Baphomet ( statue ou image ) cette accusation comme les autres reposait sur deux ou trois déclarations d'individus connus pour leur vénalité. Ces quelques dépositions du XIV ème siècle, sujettes à caution, seront le point de départ de la littérature templariste du XIX ème siècle. En 1782 Frédéric Nicolai relancera la mode du Baphomet, en diffusant des explications concernant cette "pseudo idole" soit-disant adorée par les Templiers. Cette création chimérique ainsi que beaucoup d'autres serviront de colonne vertébrale à l'occultisme débridé du XIX ème siècle !

image du baphomet apparue en 1854 dans le livre d'Éliphas Lévi - Dogme et rituel de la haute magie On a cru à tort que ce mot désignait une idole d'une forme particulière, et non pas les idoles païennes et les figures diaboliques en général. Baphomet était un mot générique pour désigner les faux dieux, de même que le mot Sarrasins signifiait les païens. On s'explique par là les contradictions des témoins du procès des Templiers quand ils décrivent l'idole adorée, selon eux, par les chevaliers. Ceux qui, comme le baron de Hammer-Purgstall , ont essayé de rattacher l'idolâtrie des Templiers au gnosticisme, ont vu dans le mot Baphomet un dérivé des deux mots grecs (Baphê Mètis ou Mètou, « baptême de la Metè » : la Metè était une déesse adorée par les Gnostiques, qui réunissait les deux sexes et était douée de la puissance génératrice. Michelet incline à croire que le Baphomet des Templiers n'est que l'image de l'Esprit saint tel que l'adoraient les sectes gnostiques de l'Orient, « le Dieu qui baptise l'Esprit », celui dont il est écrit : Ipse vos baptisavit in spiritu sancto et igne (Matthieu, 3, II), le Paraclet enfin, qui descendit en langues de feu sur les apôtres. Cette hypothèse paraît à Michelet d'autant plus vraisemblable que la fête du Paraclet, la Pentecôte, était la plus grande solennité du Temple.
Redslob, dans 'la Zeitschrift für histor Théologie' émet une théorie compliquée et rattache le mot Baphomet aux écritures mystérieuses dont les cabalistes et les gnostiques faisaient si fréquemment usage, comme les francs-maçons de nos jours, et qu'on ne peut comprendre qu'à la condition d'en avoir la clef. Il suppose la forme Baphomety puis faisant abstraction des voyelles et changeant l'ordre des lettres, il arrive à mpth by qu'il rattache aux mots hébreux maptah b(eth) Yahvé, « clef de la maison de Yahvé (Jéhovah) » c'était, comme on le voit, chercher bien loin l'explication d'un mot tout simple. Quant aux monuments dans lesquels certains historiens et romanciers ont voulu voir des figures baphométiques, ils sont fort nombreux. Au moyen âge les tailleurs de pierres sculptaient des créatures censées représenter les péchés capitaux et déviances de tous ordres vouées à l'enfer.
Après 1830 les littératures ésotèrique et occultiste devinrent très à la mode des centaines d'ouvrages plus ou moins bien rédigés apparurent dans les librairies. L'occultisme allait vivre son âge d'or pendant des décennies ! Toutes sortes de représentations cabalistiques allaient voir le jour ! Des ouvrages d'art sculptés bizarrement appartenant soi-disant aux templiers allaient apparaitre par magie sur le marché.

Le mémoire 'Mines de l'Orient - tome VI' du baron de Hammer imprimé en 1832 , contient un recueil de descriptions concernant 2 coffrets ( l'un découvert en Bourgogne et l'autre découvert en Toscane et qui dateraient tous deux du XIII ème siècle ). Les scientifiques à ce jour affirment que ces ouvrages datent du XIX ème siècle. Ce qui est remarquable dans ce livre c'est que le Baron cite les mots Baphomet et Templiers de manière à commencer à accepter l'idée que les Templiers avaient un rapport secret avec le Baphomet. La notion de Baphomet reste encore floue, car aucune image n'est appelée Baphomet, néanmoins le terme Baphométique y est employé pour caractériser l'ensemble de ces dessins !
Il faudra attendre 1854 pour voir à quoi ressemble le Baphomet et c'est Eliphas levi qui produira sa première représentation dans son ouvrage occultiste 'Dogme et rituel de la haute magie'.

Résumons le long cheminement qui aboutit à la production de l'image Baphométique


Au cours du procès intenté aux Templiers entre 1307 et 1314 , concernant leur 'pseudo' adoration Baphométique, aucune image ou statue de ce Baphomet ne put etre produite et pour cause, les statues et images Baphomètiques sont apparues en europe après 1854 dans les sociétés secrètes initiatiques, qui se consacrent au progrès social et humain.

Ainsi pour conclure ce chapitre consacré au Baphomet, il nous aura fallu attendre ( 1854 - 1307 ) 547 années après le début du procès des Templiers pour savoir à quoi ressemblait cette chimère née de l'imagination fertile des sbires de Philippe IV le Bel. Cette image apparue pour la première fois en 1854 dans un ouvrage d'Alphonse-Louis Constant, est un condensé de symboles cabalistiques caractéristiques des sociétés qui se consacrent au progrès social et humain. Depuis 1854 cette image du Baphomet trône dans tous les courants de pensées ésotériques délirants.

N'en déplaise aux amateurs de sciences occultes débridées, les Templiers n'adoraient aucune image ni aucun objet. Pendant le long procès des Templiers le mot Baphomet fut cité à quelques rares reprises dans les minutes, mais, ce mot n'était que la déformation de 'Mahomet' en Occitan. Alphonse-Louis Constant, dit Éliphas Lévi, né le 8 février 1810 à Paris fut un ecclésiastique français, puis, curé défroqué il inventa l'occultisme, c'est lui qui dessina pour la première fois cette idole en 1854 dans son ouvrage intitulé "Dogme et rituel de la haute magie".
Il intégra en Suisse l'Ordre Hermétique de la Rose-Croix dont il gravit les échelons pour en le devenir Grand-Maître, puis fut ensuite ordonné maçon en 1861, dans la "Loge rose du Parfait Silence". Pour couronner le tout, il se prétendait être la réincarnation de Rabelais. Après avoir écrit de nombreux ouvrages sur les grands mystères, l'histoire de la magie, la divination, les prédictions, il n'avait toutefois pas prévu que dans les derniers temps de sa vie, il aurait été obligé de se faire marchand de fruits pour subvenir à ses besoins.....
Il habita dans le quartier Notre-Dame-de-Lorette au 10 rue Saint-Lazare.
Pour clôre son portrait, signalons qu'aux derniers instants de sa vie, Alphonse-Louis Constant, dit Eliphas Levi confessa, puis renia tous ses mensonges passés, et souhaita retourner dans le giron de l'église Catholique.

Le XIX ème siècle un bouillon de culture Esotériste et Occultiste


Les occultistes du XIX ème siècle construiront sur ce mot Baphomet une dérive ésotérique délirante en affirmant que les templiers adoraient cette image Baphométique.

Ce XIX ème siècle fut celui de tous les excès en matière de croyances et d'occultisme, la mode n'était plus à nier l'existance du Christ comme au XVIII ème siècle, mais à créer de nouvelles églises "Christiques" en adaptant de mille façons le nouveau testament. Il en est un qui à cette époque s'est détaché du lot c'est Bernard Raymond Fabré-Palaprat un génial faussaire qui créa son église Johannite bâtie sur le Lévitikon.

De nos jours si l'on en croit Wikipedia, le Baphomet est le nom donné par certains occultistes du XIX ème siècle à l' idole mystérieuse que les chevaliers de l’ordre du Temple furent accusés de vénérer.
Cette définition est fausse car incomplète, en effet tous les historiens modernes s'accordent de nos jours pour affirmer que les Templiers n'ont jamais rien adoré, et qu'ils étaient innocents de tous les crimes dont ils furent accusés !

Ci-dessus l'image du Baphomet apparue en 1854 comme par magie simultanément en Angleterre en Allemagne et en France.